ALB001 / CD / décembre 2020
Dès mon premier contact avec le théorbe, j’ai su qu’il serait mon instrument. La profondeur de ses basses et son timbre enveloppant cristallise le temps d’une manière hypnotique.
Le répertoire pour théorbe n’est pas aussi vaste que celui de ses contemporains comme la guitare ou le luth, cependant, il est intéressant d’observer comment il s’est développé au cours de sa brève existence. Si l’on s’en tient au Baroque français, nous trouvons dans le manuscrit de Jean-Etienne Vaudry de Saizenay (Paris, 1699) la source musicale la plus importante pour cet instrument. Voilà des années que je souhaitais exprimer ma vision de cette musique dans un projet très différent de ce que j’ai accompli jusqu’ici en solo ou en ensembles : un récital de musique française pour théorbe composé de nouvelles transcriptions d’œuvres vocales et instrumentales.
De nos jours, nous avons fait d’énormes progrès dans le champ de l’interprétation historiquement informée, tant dans la construction de répliques d’instruments que dans l’élaboration de ses cordes, l’ornementation, les tempéraments ou bien d’autres aspects. Pourtant, une des pratiques les plus courantes de l’époque reste encore en sommeil et peu d’interprètes lui accordent l’attention qu’elle mérite : la transcription, capable de révéler des mélodies familières d’une manière totalement différente, comme par exemple la découverte d’une pièce orchestrale interprétée par un seul instrument. La transcription nous permet d’exposer notre propre vision de l’œuvre.
Si nous nous penchons sur le manuscrit de Saizenay, nous prendrons conscience de l’importance de cette pratique. Le manuscrit lui-même compile la musique de divers compositeurs, tels François Couperin ou Jean-Baptiste Lully, parmi d’autres célèbres contemporains. Cet ouvrage a été réalisé par au moins quatre copistes sur plusieurs périodes. De Robert de Visée, nous trouvons de nombreuses versions de ses pièces pour différents instruments. En les comparant nous pouvons observer ce qui fait l’essence de sa musique et comment il l’a modelée, recherchant la singularité des caractères de chacun d’eux, sans se limiter à une simple traduction dans la tablature.
De cette pratique est né Au monde, une extension du manuscrit qui renoue avec l’art de la transcription en ajoutant, modestement, quelques nouvelles pages à ce merveilleux recueil. Au programme, des transcriptions pour le théorbe de Michel Lambert, Antoine Forqueray, Jean-Baptiste Lully, François Couperin, Robert de Visée et Du Buisson, allant de pièces instrumentales pour clavecin, viole de gambe ou guitare à des œuvres vocales avec accompagnement ou airs d’opéra. La redécouverte d’une pratique oubliée.
Daniel Zapico
traduction de Zambra Parret
Daniel Zapico, théorbe
[Jaume Bosser, d’après Matteo Sellas. Barcelona, 2013]
Nina Laisné, conseillère musicale
Mireille Faure, ingénieure du son
Production, Zorongo
Design graphique, Alborada
Photographies, Charles-Alexandre Englebert
Enregistré en juin 2019
Studio de l’Orchestre national d’Île-de-France, Paris
Avec le soutien du Gobierno del Principado de Asturias
© 2020 Daniel Zapico, sous licence Alborada
Dépôt légal : septembre 2020
ALB001 Fabriqué en Espagne